0 Vignette

La Défense et l’ONU : 80 ans d’engagement pour la paix

24 octobre 2025

  • L'Organisation des Nations unies (ONU) fête ses quatre-vingts ans. Depuis les premières missions de maintien de la paix, des dizaines de milliers de militaires belges ont été déployés à travers le monde. Et aujourd'hui ? La Défense continue de contribuer à la sécurité collective, en formant des militaires et en apportant son expertise technique – mais avec des contingents plus restreints.

     

    Le 24 octobre 1945, la Charte des Nations unies entre en vigueur. Quatre-vingts ans plus tard, l’organisation rassemble 193 États autour d’objectifs communs : préserver la paix et la sécurité internationale, protéger les droits humains et promouvoir le développement durable. António Guterres, secrétaire général de l'ONU, le rappelle : « Les défis actuels sont immenses. Conflits en escalade, dérèglement climatique, menaces technologiques : aucun pays ne peut les affronter seul. »

     

    Les yeux et les oreilles du monde

    En 1948, la Belgique envoie ses premiers observateurs militaires au Moyen-Orient, dans le cadre de la mission UNTSO (United Nations Truce Supervision Organization), toujours active aujourd’hui.

    Le commandant Bart, casque bleu belge, actuellement déployé au sein de la mission UNTSO aux côtés de militaires venus de 23 pays, témoigne : « Cette mission me place au cœur des réalités géopolitiques, dans un environnement opérationnel exigeant. La trêve entre Israël et le Liban est fragile. Chaque jour, nous faisons face à des tirs, à des attaques de drones, à la peur et à la destruction. En patrouille, nous sommes confrontés à la souffrance des populations, à l’intimidation et à l’occupation. »

    Il souligne la portée de sa mission : « En tant qu’observateur militaire, nous sommes les yeux et les oreilles du Secrétaire général de l’ONU. Nos rapports constituent des preuves neutres et impartiales de ce qui se passe sur le terrain. »

     

    Plus de 20.000 casques bleus belges

    Certaines missions marquent particulièrement les militaires belges, comme au Cachemire où ils participent à une opération d’observation de 1949 à 2005. Et il y a la guerre de Corée. Entre 1950 et 1953, plus de 3.000 militaires belges et luxembourgeois combattent au sein du Corps de Volontaires pour la Corée ou Belgian United Nations Command.

    Une centaine n’en reviennent pas. Fin octobre de l’an dernier, une cérémonie a honoré leur mémoire lors de la visite du Lieutenant-général Derek Macaulay, haut responsable du Commandement des Nations unies.

    Dans les années 1990, les Balkans constituent un important théâtre d'opération en Europe. Près de 10.000 militaires belges participent à diverses missions en ex-Yougoslavie. Ils observent, protègent, reconstruisent des logements et acheminent de l'aide humanitaire. En Afrique, la Belgique s'engage en Somalie et au Rwanda. Le 7 avril 1994, dix paracommandos belges sont assassinés dans la capitale rwandaise, Kigali, alors que débute le génocide des tutsis.

    Au début des années 2000, des contingents plus restreints sont déployés en Côte d'Ivoire, au Burundi, au Soudan et surtout au Liban. Près de 5.500 militaires belges participent ainsi à la Force intérimaire des Nations unies au Liban (UNIFIL) entre 2006 et 2014, notamment pour assurer l'aide médicale d'urgence.

    Depuis 1948, la Belgique a fourni plus de 23.800 casques bleus, et cinq commandants de force aux opérations de l’ONU, couvrant l’ensemble du spectre opérationnel : infanterie, déminage, logistique, ingénierie, appui médical, marin et aérien.

     

    Un savoir-faire belge au service des casques bleus

    Aujourd’hui, l’engagement de la Défense s’est adapté aux enjeux contemporains. « Nos priorités se concentrent actuellement sur le recrutement, la formation, l’acquisition de nouvelles capacités et sur les missions sur le flanc est de l’OTAN », explique le colonel Philippe Goffin, conseiller militaire auprès de la Représentation permanente de la Belgique à l’ONU. « La participation directe aux opérations de maintien de la paix reste donc limitée. »

    La Défense privilégie désormais des équipes réduites mais hautement qualifiées. Nos militaires forment les casques bleus étrangers dans des domaines spécialisés : secourisme, neutralisation d’explosifs, lutte contre les engins improvisés et systèmes de commandement et de renseignement. Ces formations de plusieurs semaines, organisées dans des centres de préparation à l’étranger, renforcent les capacités locales tout en valorisant l’expertise belge.

    Le colonel Philippe Goffin ajoute : « La Belgique envisage également d’adhérer au Partenariat pour la technologie dans le maintien de la paix, une initiative de l’ONU visant à intégrer des solutions innovantes dans les opérations. Notre pays pourrait y apporter son expertise en télémédecine, cybersécurité et transport médical par drones. »

     

    Pour en savoir plus

    Aux côtés de l’action militaire, la Belgique soutient également les opérations de la paix financièrement et en envoyant du personnel civil et policier sur le terrain.

    Découvrez les initiatives de l’ONU pour son 80e anniversaire sur ONU | 80e anniversaire ou explorez nos missions sur www.mil.be.

Auteur Y. Willems Photos Archives DG Stratcom