
L’ERM développe un robot de mesure pour les zones d’atterrissage non aménagées
25 novembre 2025
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L’École Royale Militaire a conçu un robot de mesure autonome capable de déterminer avec une précision au centimètre l’état des zones d’atterrissage improvisées : le BENSI-rover, abréviation de Belgian Navigational Surface Inspector. Grâce à cet appareil, les contrôleurs aériens de la Défense peuvent faciliter et sécuriser les atterrissages de l’A400M partout dans le monde.
Les contrôleurs aériens de la Défense sont également déployés sur le terrain lorsqu’une zone d’atterrissage temporaire est nécessaire. Le contrôleur aérien Tom décrit le fonctionnement d’une équipe de gestion du trafic aérien déployable (DATM).
« Lorsque la 15e Wing souhaite faire atterrir un avion sur une piste non préparée, nous recevons la mission d’évaluer ce site. Est elle assez longue, assez large, suffisamment sûre ? Nous décrivons ce que nous observons sur place et ce sont les pilotes qui décident si un A400M peut y atterrir. Nous fournissons des faits, pas des restrictions. »
Coopération avec le Special Operations Regiment
Outre l’évaluation de la zone d’atterrissage, le DATM balise également la piste, installe l’éclairage et dirige le trafic tactique. Cela se fait souvent en collaboration avec les membres du Special Operations Regiment. Ils s’infiltrent en premier, sécurisent la zone et réalisent les premières mesures.
« Nous, au sein du DATM, ne pouvons pas nous protéger dans des conditions hostiles. C’est leur expertise. Une fois le terrain sécurisé, nous assurons les atterrissages et la présence des contrôleurs aériens.
Paramètre crucial
La mise en service de l’A400M a également entraîné de nouvelles exigences d’utilisation pour cet avion de transport. Le constructeur Airbus demande que chaque piste non préparée fasse l’objet d’une mesure EBH (equivalent bump height) : une évaluation du degré d’irrégularité de la zone d’atterrissage et de la charge exercée sur l’appareil.
L’EBH est calculé en mesurant cinq lignes sur la piste, dont la ligne centrale. Le rover BENSI enregistre un point de hauteur tous les cinquante centimètres et projette ce profil sur les lignes de référence d’Airbus. Ces données sont essentielles pour déterminer si un appareil peut atterrir en toute sécurité et dans quelles conditions.
Plus précis qu’un centimètre
L’appareil de mesure d’Airbus pesait environ cinquante kilos, explique Tom, « trop lourd et trop encombrant pour nos opérations. On ne saute pas avec ça et on ne peut pas simplement l’emporter à bord d’un vol commercial. »
C’est pourquoi le DATM s’est adressé au professeur docteur ingénieur Alain Muls de l’École Royale Militaire, expert en navigation par satellite.
« La première question était de savoir si nous pouvions atteindre une précision au centimètre près », explique Muls. « Ensuite, nous avons construit un robot autonome capable de mesurer avec une précision supérieure au centimètre et fonctionnant avec une station de base. »
Le prototype a déjà été utilisé lors d’exercices en Italie. Les résultats étaient comparables aux données officielles d’Airbus et répondaient aux exigences.
Plus léger, plus compact et prêt à l’emploi
La version récemment démontrée est entièrement développée. Le robot est compact, robuste et les paracommandos peuvent le transporter lors de leurs sauts. Le boîtier a été amélioré, le câblage simplifié et les batteries adaptées pour être emportées à bord de vols commerciaux.
« Cela signifie que nous pouvons réaliser des mesures EBH de manière uniforme partout dans le monde. L’appareil est stable, précis et suffisamment robuste pour résister à des conditions froides, chaudes ou hostiles », explique Tom.
Zones d’atterrissage en conditions extrêmes
Le rover (robot mobile) BENSI s’intègre parfaitement dans la coopération entre le DATM et le Special Operations Regiment. De cette manière, la Défense peut ouvrir des zones d’atterrissage, même dans des conditions difficiles, pour des évacuations médicales, du ravitaillement ou des déploiements de grande envergure.
Le DATM forme des spécialistes de l’infiltration à réaliser des mesures avec le rover BENSI. Ils infiltrent une zone, la sécurisent et transmettent les données au 15e Wing. Dès que le premier A400M peut atterrir, le personnel du DATM prend en charge le trafic aérien.
Le projet est désormais affiné par le Centre de Compétence pour le Matériel Aérien et les Systèmes de Communication et d’Information à Peutie. Pas à pas, ils transforment le rover en un appareil robuste et opérationnel, capable de soutenir durablement les missions. »